Il y a autant de pouvoirs de paroles que de types de paroles.

Il y a tout d’abord la parole futile, celle sur laquelle nous ne nous attarderons pas, car c’est la parole qui ne sert à rien et qui nous fait perdre du temps… C’est la parole de la nonchalance de l’esprit et de l’espace à meubler pour ceux qui n’ont pas la conscience de l’importance de l’instant présent et de ce que l’on y met.

Il y a aussi le pouvoir de la parole légère, celle qui nous fait rire, qui nous permet de nous élever par l’humour, qui nous fait du bien au cœur même si elle est futile ; c’est celle qui nous permet de partager un bon moment entre amis ou à un spectacle, celle qui nous permet de s’ouvrir à l’autre sans filtres et sans perdre de vue le besoin de partager un moment de convivialité et de rire sans mesure.

Il y a aussi le pouvoir de la parole réconfortante, celle qui vient rassurer, consoler, celle qui vient faire prendre conscience que tout est juste et qui permet à l’autre de passer des caps difficiles.

Ce pouvoir de la parole est si important que certaines cultures, ou plutôt je devrais dire toutes les cultures, toutes les religions, ont eu le besoin d’exprimer en paroles les textes pieux, que ce soit par les mantras ou par les prières : il est très important lorsque l’on fait des prières – qu’elles soient de nos propres paroles ou déjà écrites, ou lorsque l’on récite des mantras – de savoir que ces textes sacrés sont porteurs d’une vibration et qu’il n’est pas question de les réciter comme une chanson, mais qu’ils doivent être portés en conscience. Car lorsque nous chantons, ces paroles ont le pouvoir de la vibration des mots qu’elles portent et des énergies qu’elles suscitent. Il est d’autant plus important de les manipuler avec prudence et avec La Foi intérieure.

N’oublions pas le pouvoir de la parole intérieure, vous savez, celle qui émerge lorsque nous « parlons tout seuls »… Cette parole de communication intérieure est fondamentale, car elle est la source et le moteur de pensées créatrices dans le bon sens comme dans le mauvais ! Parlez-vous bien !

Il y a également le pouvoir de la parole de transmission, celle de l’enseignement qui a la capacité, peut-être, de modifier la façon de voir des êtres ou encore de léguer des facultés, des préceptes, de perpétuer une façon de voir les choses, une philosophie, une forme de pensée. Cette parole est d’autant plus marquante qu’elle est adressée à un public en demande, ce qui lui donne tout le pouvoir de l’aide à l’élévation de l’autre et de l’aide à son éveil. Il faut toutefois être toujours vigilant, car cette parole a aussi la possibilité de glisser vers le pouvoir de la parole manipulatrice qui va venir insuffler un message dont le but unique est d’amener les autres à notre propre point de vue, à des fins mercantiles, religieuses, sectaires ou politiques. La transmission envers les enfants est d’autant plus importante qu’elle va donner les repères, et au plus cette parole aura le pouvoir déviant au , plus l’enfant aura du travail à pour réparer toute cette acculturation ! En effet, il faut être plus prudent vis-à-vis de nos enfants dont nous sommes les repères, car nous qui fixons leur cadre et nous pouvons leur inculquer des valeurs complètement abjectes qui pourraient devenir leurs références et contribuer à la décadence de la Conscience universelle ; ce qui leur demandera beaucoup d’efforts pour pouvoir retrouver une pureté de pensée. Le pouvoir de cette parole est édifiant, car il aboutira à la manipulation de l’auditoire.

Cette déviance de la parole de transmission va nous amener à évoquer le pouvoir de la parole de l’être pervers qui n’a pour seul but que de dénigrer l’autre et de le mettre sous emprise. Cette parole-là est destructrice, car elle a le pouvoir de modifier la vie des autres, de les faire culpabiliser, de les diminuer et d’en faire des objets. Le seul but étant de nourrir l’ego du pervers par le pouvoir de manipuler l’autre et de le guider vers le chemin voulu, bien entendu déviant.

Il y a enfin la parole sage, celle qui est réfléchie, utile, dont chaque mot est pesé. Cette parole n’a d’autre vertu que d’aider son prochain à trouver son chemin, sa propre ligne de conduite, sa propre voie d’éveil et d’élévation. Cette parole a la vocation du conseil, non de la directive, elle aide à l’autonomie de pensée et de création. Elle amène à contacter son propre Maître, celui de l’Être Intérieur. La parole du sage s’exprime en conscience de chaque instant, de chaque mot. Elle est probablement la parole la plus difficile et qui a le pouvoir le plus dense. Elle est aussi la parole la plus altruiste, car portée par l’Amour inconditionnel. Cette parole a vocation à aider l’Être à se connecter à lui-même et à son pouvoir d’autoguérison.

La grande difficulté avec la parole, c’est qu’il est tellement facile de parler, que d’avoir conscience de tout ce que l’on dit à chaque instant peut être complexe, car nous pouvons aisément dévier : certains ont eu à reconnaître que leurs paroles avaient dépassé leurs pensées… Est-ce que l’on est sérieux quand on dit cela et que l’on a détruit la vie de quelqu’un par des paroles qui ont été insensées et d’une violence inouïe ? Comment peut-on se retrancher derrière ces termes-là ? N’est-ce pas de la lâcheté ?

Parler en conscience est donc être à la lumière de la responsabilité de ce que nous formulons et des conséquences que cela peut avoir sur l’autre : comme tous nos actes, la parole va venir engager une forme de pensée et, comme nous le savons, la pensée est créatrice. De fait, la parole est créatrice et tout ce que nous disons finira par germer tôt ou tard ; soyons humbles, responsables, et ne déployons dans nos paroles qu’Amour, dignité et respect . Nous aurons de cette façon une belle implication et un bel impact dans la Conscience universelle, celle qui va nous amener vers ce Nouveau Monde dans lequel nous entrons, dans cet inconnu qui sera créé par nos formes de pensées et donc par nos paroles.

Vous l’aurez compris, encore plus que tous les sujets que nous avons abordés jusqu’à présent, le pouvoir de la parole nous amène à vraiment avoir conscience de l’instant présent et de parler dans la conscience de ce que nous insufflons. Car la parole est le souffle de vie et ce que nous y mettons fera son chemin et finira par germer.

Alors à vous de choisir de quelle façon vous souhaitez vous exprimer et ce que vous souhaitez faire passer dans votre souffle de vie.

Pour terminer, je vous partage un passage du livre Les lettres du Christ, dans lequel le Christ nous fait part de ses expériences humaines : « Il y eut d’abord l’épisode du Figuier. J’avais faim et j’allais vers l’arbre, ne m’attendant pas vraiment à y trouver des fruits, car ce n’était pas la saison des figues. Ma recherche s’avérant vaine, je maudis le Figuier. Vingt-quatre heures plus tard, il était sec jusqu’à la racine. Ce fut une expérience choquante. C’était la première fois que mes paroles avaient causé du tort à quoi que ce soit. » (lettre 3, page 187)