La sexualité, ce vaste sujet traité depuis la nuit des temps est aussi probablement le plus dévié. Bien sûr, on ne peut pas parler de sexualité sans parler de procréation ; cela dit, sans enlever la magie de donner la vie, on ne peut tout de même pas ramener la sexualité à la seule procréation, d’ailleurs la procréation la plus célèbre de tous les temps a eu lieu sans acte sexuel si l’on se réfère à la création de l’Enfant Jésus…

Pour aborder la sexualité, il faut commencer, comme pour beaucoup de sujets, à parler du respect de soi. Comment peut-on aborder une sexualité épanouie sans le respect de soi et bien entendu le respect de l’autre ? Comme pour tout, l’acte en conscience est essentiel d’autant plus qu’il est dans le partage, dans la fusion de deux êtres qui communiquent bien au-delà d’un échange purement physique : un échange énergétique, voire spirituel.

Ainsi la principale question à se poser au sujet de la sexualité est : que dois-je faire pour que mon être s’épanouisse dans sa globalité, y compris au travers de ma sexualité ? Cela demande une introspection à laquelle l’on peut aboutir par la méditation : « se centrer et connecter sa voix intérieure pour intégrer la certitude de ce qui est bon pour soi ».

Cette question est donc de savoir si la sexualité fait partie de ma vie ou non. La chasteté peut très bien être épanouissante, à condition qu’elle soit voulue et choisie dans le for intérieur de l’Être, et non imposée familialement, culturellement, religieusement, politiquement, par des canons qui sont contraires à ma volonté ; dans ces cas-là, je vous fais grâce des déviances que tout le monde connaît… Alors oui, une vie sans sexualité peut être épanouissante.

Par ailleurs, si je choisis de laisser s’exprimer ma vie sexuelle, de quelle façon dois-je l’envisager pour être en conscience et en phase avec Moi ? Ai-je besoin de partenaire(s) ou puis-je être autosuffisant ou encore ai-je besoin des deux ? L’onanisme est aussi une forme de sexualité qui peut être, à long terme, seulement lors d’un laps de temps conjoncturel ou par petites parenthèses, un ingrédient de l’épanouissement sexuel. Il permet d’assouvir un besoin qui parfois ne peut l’être dans le partage. Oui, nous pouvons aussi aborder la sexualité sous l’angle du besoin, mais n’a-t-on pas les besoins que l’on se crée ? Lorsque nous parlons de vie sexuelle épanouie, nous parlons aussi, bien sûr, de rapports respectueux, d’échanges, d’épanouissement… Certains évoquent même une extase mystique, car l’orgasme serait une connexion divine; encore faut-il que cet orgasme soit atteint dans la pureté du rapport …

La question à se poser par rapport à la dérive sexuelle est aussi cruciale, notamment en matière d’addiction, car on est alors dans les extrêmes et, de fait, dans une sexualité de fuite qui amène souvent à l’irrespect de sa propre personne et malheureusement bien trop souvent à l’irrespect de l’autre. Je n’évoque pas forcément une sexualité « multipartenaires » qui peut très bien être vécue dans la bienveillance simplement parce que l’on a besoin, pour un moment de sa vie ou pour toute une vie pourquoi pas, d’avoir ces échanges multiples qui pourraient contribuer à un bien-être. L’addiction, bien au contraire, véhicule la notion de perversion, d’irrespect, de consommation compulsive au même titre que le sucre ou quelque drogue que ce soit ; ce qui amène à la dépendance… Il n’est nul besoin de rappeler que la dépendance conduit directement à la déviance. De la même façon, il faut se méfier aussi de la sexualité fictive qui nous éloigne de la réalité. L’accès si aisé aux sites pornographiques, malheureusement parfois maintenant dès le plus jeune âge, donne une vision complètement erronée de la réalité et de la magie que peut être la sexualité et vient ancrer des bases de déviances ; cela ne concerne bien sûr pas que les plus jeunes. Cela est d’autant plus dangereux que la sexualité est encore un sujet tabou dans les familles et que l’éducation sexuelle est lâchement ignorée, laissant la part belle aux pollutions extérieures pour déployer des repères et un cadre complètement abject. Ainsi, qui dit respect de soi, dit écouter sa voix intérieure, ce qui est d’autant plus important que, effectivement, de nombreux préceptes qui ont vocation à nous diriger dans la consommation, la fuite, la division, vont amener à une sexualité brimée, voire manipulée à des fins commerciales, politiques, idéologiques ou autres… La réalité est cependant bien plus rude que ce que l’on veut imposer, car à partir du moment où l’on veut imposer et que l’on a dévié la légitimité d’un concept, ce dernier est complètement bafoué, les repères ne sont plus et l’on crée ainsi des monstres par le biais desquels la sexualité devient la barbarie d’un exutoire et s’éloigne bien évidemment de la fameuse connexion divine que l’on pourrait trouver dans l’union de deux êtres qui s’aiment.

Il n’y a pas de règles concrètes en matière d’épanouissement sexuel, hormis peut-être celle de s’écouter dans le respect de soi et dans celui de l’autre.

À l’inverse, l’ego, la culture, peuvent nous amener aussi à la recherche de performance, pour contenter l’autre, pour notre propre image, pour le regard de l’autre, pour aller toujours plus loin, pour toujours amener à tel ou tel point. Alors, cela devient de la mécanique, une épreuve, et nous tombons dans un « hypermental » qui va nous éloigner de la liberté et de la pureté du rapport. Alors la sexualité devient compliquée, car elle est contextualisée par des repères erronés, et les difficultés sexuelles se développent : problème d’érection, de précocité, de frigidité, de sécheresse, d’infection urinaire ou autres mycoses. La sexualité peut devenir, de fait, un calvaire… Lorsque le mental prend le dessus, les problèmes arrivent aussi bien chez l’homme que chez la femme et s’équilibrer devient très difficile.

Par ailleurs, la sexualité vue sous l’angle d’une activité malsaine n’a pas de fondement : pourquoi serions-nous dotés d’organes génitaux capables de nous donner le plaisir si cela n’avait pas de sens et si cela n’était pas correct ? Prendre et donner du plaisir est une faculté que nous offre notre système.

La sexualité n’a pas l’exclusivité du plaisir ou de la violence : la parole peut être salvatrice ou dévastatrice, vos mains peuvent guérir, caresser mais elles peuvent aussi frapper, violenter, votre bouche peut embrasser, cracher ou mordre et vos yeux peuvent aussi bien regarder avec amour que fusiller du regard… La sexualité fait partie d’un tout et tout est Un, de la même façon que nous apprenons à marcher, nous devrions apprendre que la sexualité est naturelle et qu’elle sera ce que nous en faisons. Cependant, nous commençons par être déviés et bien trop souvent voués à nous-mêmes, seulement pilotés par les expériences de la vie et, pire, par les médias ou autres pollutions qui viennent donner cette fameuse image fictive et erronée de l’acte sexuel. La problématique actuelle est que cette image trompeuse devient souvent la seule règle.

Il est donc utile de rappeler que la sexualité est avant tout une connexion à l’autre, un besoin d’échange, de fusion, ce qui va créer chez nous et chez le partenaire une élévation, un équilibre qui va nous permettre d’avancer avec sérénité, d’avancer sur le bon chemin. Une sexualité vécue en conscience, avec compassion et sagesse nous aidera dans notre voie spirituelle, car elle nous permet d’élever le niveau de conscience contrairement aux simples rapports sexuels qui sont actés mécaniquement et qui nous éloigneraient plutôt, au contraire, de cet état d’élévation spirituelle. Il s’agit d’utiliser notre corps comme un don et non comme une machine de guerre et l’autoriser ainsi à être Un avec notre Esprit et notre Âme, y compris dans notre sexualité.

Une fois de plus, il est important de trouver sa place et de se positionner ! Alors, pour vous, ce sera sexualité magique, sexualité banale ou sexualité décadente ?