La PATIENCE. Étymologiquement, le terme désignait une forme de souffrance, celle d’attendre dans la douleur quelque chose que l’on voulait mais qui mettait du temps à venir…Voilà peut-être donc un concept qui s’est bonifié au fil des siècles car ; aujourd’hui la patience a plutôt la connotation d’une certaine sagesse à laisser le temps faire son travail et à attendre le bon moment pour que les événements se réalisent.

La patience génère donc une forme de densité intérieure qui parfois est mise à rude épreuve par l’environnement ou par notre attitude défaillante. En effet, bien souvent nous sommes plus stressés et rendus impatients par les besoins ou les attentes des autres que par les nôtres : que vont-ils penser ou dire si je ne réagis pas, si je ne m’énerve pas, ou si je n’essaie pas d’accélérer les choses ? Cette forme d’impatience conventionnelle nous éloigne de notre for intérieur et nous bride dans des situations inextricables, car agir seulement au regard des autres est une défaillance cruelle pour notre évolution.

La patience signifie peut-être simplement de s’accorder l’humilité, la générosité et l’altruisme nécessaire pour que l’attente ne soit pas une corvée mais une simple unité, création de l’Être libéré de la contrainte du « tout tout de suite », de la colère de l’attente et de la peur de la non-réalisation.

La patience implique donc simplement la sérénité dans la vie, un état d’âme harmonieux qui permettra d’évoluer en surfant sur la vague et non en nageant à contre-courant.

En voulant accélérer les choses et les réaliser à tout prix dans un espace-temps réduit, cela pourrait nous amener à une erreur et finalement à une perte de temps… Qui n’a pas regretté quelque chose qu’il voulait tellement qu’il en a accéléré le déroulement et qui en réalité n’en a vu que bien peu d’effets positifs ?

La patience, nous l’apprenons dans notre quotidien en mettant à profit le temps imparti, non pas dans une latence morbide, mais dans l’accueil de cet instant présent qu’il est nécessaire de vivre pleinement.

Je vous citerai comme exemple, l’attente d’un train en Inde : combien de fois me suis-je gâché des heures précieuses à pester contre les annonces d’un train qui tous les quarts d’heure est censé arriver un quart d’heure plus tard selon les panneaux d’affichage et qui en fait n’arrive que bien des heures après… Colères, incompréhension, critiques du système et de ces gens qui attendent assis par terre, sans râler, mangeant, riant, échangeant, vivant tout simplement chaque instant, chaque seconde sans forcément attendre la réalisation de la seconde d’après. Et, un beau jour, l’approche change, et la colère laisse sa place à l’occasion de se poser et de connaître d’autres personnes qu’il nous est offert de côtoyer pendant cette attente qui devient une source intarissable d’informations et de découverte de l’autre ; le train fini toujours par arriver et nous l’accueillons dans ce contexte avec légèreté, enrichis et non minés par cette attente…

L’introspection qui est mise à profit permettra sans aucun doute d’évoluer et de gagner en présence et en affirmation de soi. La patience nous rapproche donc de la Foi, cette certitude que, quoi qu’il en soit, en temps et en heure, tout sera avec la justesse et la richesse de la satisfaction de tous nos besoins.

Ainsi, lorsque les résistances pointent leur nez, l’heure est venue de se regrouper avec soi-même pour rester dans l’unité et essayer d’accepter, d’évoluer, peut-être de faire évoluer notre projet afin de respecter ce temps précieux qui nous est offert dans l’attente de la réalisation ; en effet, si attente il y a, c’est que probablement quelque chose doit être intégré différemment, compris, libéré ou bien simplement que cette réalisation ne doit pas être parce que, dans l’état, elle n’est pas juste pour soi ou pour les autres.

« Ce que tu ne peux pas changer, acceptes-le », enseigne le Bouddha, acceptation la plus parfaite qui amène à la patience intégrale, à l’Accueil.

L’impatience implique l’irrégularité intérieure, une forme de rejet qui nous éloigne de la réalité du discernement qui permet de peser le pour et le contre, de trouver la voie du milieu, la seule vérité qui devient accessible si nous arrivons à mettre ce temps d’attente à profit pour échanger, réfléchir ou encore méditer. Si au lieu de cela, nous cultivons les négativités, nous nous éloignons de notre être profond.

Nous avons donc tout à gagner à mettre en exergue notre capacité à temporiser les périodes d’attente par des temps de réflexion interne, de déploiement de l’Amour intérieur dans la compréhension de ce qu’il se passe et non dans la lutte contre ce qui se passe, dans l’intégration de l’instant présent et non dans l’humiliation de la non-réalisation.

Pour conclure, je dirai que la patience amène à la contemplation, outil précieux de nos grands Sages…