Le temps, une notion qui pourrait paraître très cadrée, créée pour nous permettre de tout organiser, de tout planifier et d’avoir le contrôle sur les éléments. En réalité, le temps fait partie des artefacts de l’humanité et est une notion très subjective : rappelez-vous, par exemple, lorsque vous aviez une interrogation écrite étant écoliers, une heure passait à la vitesse de quelques secondes ; en revanche, lorsque vous assistiez à un cours rébarbatif une heure durait le temps d’une journée ! N’est-ce pas le comble de la subjectivité ?

La notion de temps  tout en étant un schéma organisationnel qui nous amène au contrôle : nous sommes toujours pressés, nous voulons gagner du temps, nous ne voulons pas en perdre…  reste néanmoins une valeur fictive : n’avez-vous jamais constaté que lorsque vous avez énormément de choses à faire le matin au lever et que et que vous avez la tête dans le guidon et foncez sur les messages pour y répondre ou pour faire tout un tas de choses, la journée s’écoule à toute vitesse et le soir vous êtes tout autant débordé ? Cependant, avec la même charge de travail, si vous prenez le temps de vous poser, de méditer une vingtaine de minutes, une demi-heure ou une heure (ce qui pourrait paraître une perte de temps précieux), force est de constater que l’espace-temps se décuple, comme si une une fenêtre intemporelle s’ouvrait ; et, le soir, vous avez accompli toutes vos tâches sans avoir eu à courir toute la journée… Pourtant le temps est le même, non ?

Alors que se cache-t-il derrière ce temps ? Ne serait-ce pas une part égotique qui voudrait nous faire croire, ou tout au moins essaie de nous rassurer en nous faisant croire, que nous sommes capables de tout contrôler ?

Il est très émouvant de regarder l’homme qui veut tout contrôler, veut tout gérer et voit le temps lui glisser entre les mains, qui va lutter contre le temps en mettant des antirides ou encore en faisant appel à la chirurgie esthétique pour que le temps laisse le moins de traces possible sur son véhicule, ce corps dont on prend soin pour que notre âme ait envie d’y rester ; est-ce à coups de bistouri que nous lutterons contre le temps ?… Vue sous cet angle, la notion de temps est impalpable, elle est, comme pour tout, ce que l’on y met : cela peut être une torture, cela peut être aussi une jouissance de prendre le temps de vivre et de donner le temps à ceux qu’on aime, à ce qu’on aime faire et de permettre à notre système de contempler ce qui se passe autour de nous et d’en profiter chaque instant, chaque seconde, sans en perdre un seul, une seule, à vouloir le contrôler ou à vouloir en gagner …

Bien évidemment, pour un bon nombre d’entre nous le temps c’est de l’argent ; ce qui amène à la notion peut-être la plus vicieuse du temps qui vient s’associer à cette énergie qui peut avoir aussi une facette perverse, car à la foi au cœur du déploiement dans la matière et source de tant de déviances…

De la sorte, le temps est une structure sociétale qui comme toute structure peut avoir ses dérives, mais aussi ses forces et sa puissance ; c’est-à-dire celle de vivre le temps de chaque instant et de lui accorder l’importance qu’il a et de ne pas le laisser filer en lui courant après, de simplement jouir de chaque instant, de cet instant présent, en lui accordant toute l’importance qu’il peut avoir dans notre vie quand on le respecte.

Il y a deux façons de fuir le temps : d’abord, l’ennui, la procrastination, cette fuite qui va nous amener au laisser-aller, à la déchéance peut-être à vouloir couper avec le temps en usant ou en abusant des drogues, de l’alcool ou du sucre ; dans ces cas-là, il ne se passe rien, on attend juste que le temps passe, ruminant le passé et ne prenant pas conscience du présent ; a contrario, il y a aussi la fuite dans l’hyperactivité, dans la course contre le temps, la course à l’argent, plus on en fait et plus on en gagne ! Ainsi la vie se passe et un moment arrive, un temps où l’on se rend compte que l’on n’a rien fait si ce n’est amasser de l’argent. Pourtant, nous n’avons pas amassé le temps, nous l’avons perdu et sommes passés à côté de notre vie…

Alors vivre chaque instant dans la conscience permet de prendre toute la dimension de sa force, de sa puissance et de sa vitalité avec amour et joie. Évidemment, nous avons toujours le choix de fuir et de perdre du temps.

Enfin, n’avez-vous pas constaté que l’espace-temps a changé depuis quelques années, voire quelques décennies ? Peut-être que l’espace-temps a été découpé à une époque avec sa justesse universelle ; mais, aujourd’hui, qui n’a pas remarqué qu’en une seule journée nous faisons énormément plus de choses que ce que nous pouvions en faire il y a ne serait-ce qu’une vingtaine d’années ? Cet espace-temps serait-il donc bien en pleine restructuration comme le reste de l’Univers ? Reste à savoir ce que nous en ferons.…